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réflexes archaïques: généralités

Les réflexes archaïques : généralités

extrait de notre livre: le traitement des troubles de l'apprentissage par les réflexes archaïques

 

Dès notre conception, nous sommes dotés d’un programme de développement neuro-sensori-moteur appelé réflexes archaïques ou réflexes de survie ou encore réflexes primitifs pour nous adapter à l’environnement en développant nos capacités motrices, sensorielles, cognitives et émotionnelles.

Les réflexes sont par essence des mouvements stéréotypés, innés et involontaires. Concernant les réflexes archaïques, le niveau central d’intégration de ces réflexes ne se situe pas au niveau médullaire mais probablement au niveau du tronc cérébral, de l’archéocervelet et des noyaux gris centraux (ou ganglions de la base).

Chaque réflexe développe :

·         une aptitude motrice et musculaire précise dont le but est de dissocier la fonction de chaque articulation.

·         les connexions neuronales nécessaires à l’exécution d’un mouvement.

·         la coordination sensori-motrice qui va ensuite permettre l’intégration d’un mouvement acquis à l’ensemble du corps (schème de base).

Ainsi se crée le STP.

Activation du programme                                                                                          
Le fœtus perçoit des stimuli internes et externes qui provoquent une réponse motrice et musculaire. Il perçoit alors une sensation. Celle-ci n’est initialement ni agréable ni désagréable. La mère filtre cette sensation et y ajoutant une connotation émotionnelle. Pour le fœtus, la sensation devient alors une perception. La maman code l’enfant sur le plan émotionnel.


Rôles des RA
Pendant la vie in utéro

·         Acquisition de mouvements coordonnés :

o    le fœtus suce son pouce, avale le liquide amniotique, ce qui activerait la fonction rénale.

o   il joue avec le cordon ombilical, développant la préhension.

o   il se retourne par activation de son système vestibulaire.

·         Développement des fonctions : 

o   motrices et sensorielles.

o   kinesthésiques : proprioceptives et vestibulaires.

·         Rôles des réflexes de peur, de défense et du réflexe tonique labyrinthique :

o   Le réflexe de paralysie par la peur et le réflexe de Moro commencent à coder l’émotionnel.

o   Le réflexe tonique labyrinthique (RTL) en flexion permet au fœtus de prendre le moins de place possible dans le ventre de maman.

 
Pendant la naissance

Le sens vestibulaire permet la descente et le retournement tête en bas.                            Le RTAC, réflexe tonique asymétrique du cou, facilite les mouvements de rotation et par ses mouvements d’extension des membres du côté de la rotation de la tête il ralentit la progression du fœtus. À l’inverse, les réflexes dorsaux de Galant et de Perez stimulent les muscles de la colonne vertébrale permettant au bébé en devenir de se faufiler dans le canal utérin. La vitesse d’un accouchement physiologique dépend aussi de la prépondérance de l’un ou l’autre de ses réflexes.

Le RTL en extension aide à l’expulsion : la première lordose cervicale entraine une extension des membres inférieurs. La première inspiration est liée au réflexe de Moro.

Après la naissance

À la naissance, si on pose le nouveau-né sur le ventre de maman, il engage une reptation vers le sein grâce aux réflexes de Galant, Perez et RTL en suivant la ligne brune ou linea nigra apparue lors de la grossesse par pigmentation et qui joue le rôle de « piste d’atterrissage ».

Les réflexes de Babkin, de fouissement - comme une véritable tête chercheuse - et de succion permettent de trouver le téton et de s’alimenter.

À la naissance, le nouveau-né change de monde : d’un milieu aquatique à un milieu aérien, d’un milieu en apesanteur à un milieu soumis aux forces gravitaires. Les RA lui permettent de survivre dans ce nouveau monde initialement « hostile ». De la naissance à 18 mois, l’adaptation à la force de gravité et l’engrammation des schèmes de base seront codés par les RA, ce qui permettra à l’enfant le passage de mouvements réflexes innés aux mouvements acquis, orientés vers un but. C’est la phase dite d’intégration des RA.

Ce processus d’intégration se fait par la répétition. Puis le réflexe s’éclipse mais reste dans la « mémoire neurologique » fondamentale : c’est la phase dite d’inhibition. Le but de l’intégration est donc :

·         d’augmenter le tonus musculaire (pour permettre l’orthostatisme).

·         de coordonner les schèmes de base.

·         de dissocier et spécifier le travail de chaque articulation.

·         de coder le capteur oculaire : binocularité, convergence, accommodation.

·         de déterminer la latéralité, la dominance oculaire et auriculaire.

Causes possibles d’une mauvaise intégration

Pendant la grossesse : grossesse non désirée, abandon du papa, alitement prolongé, amniocentèse, décès d’un parent proche, perte d’un jumeau, traumatismes physiques ou émotionnels.

Lors de l’accouchement : souffrance fœtale, péridurale, forceps, ventouse, accouchement par le siège, césarienne, injections d’ocytocine pour accélérer les contractions.

Pendant la petite enfance : les traumatismes émotionnels comme le décès de personnes proches, les séparations suite à des hospitalisations, les maladies, les interventions chirurgicales, les difficultés d’alimentation, les mémoires psycho-généalogiques : deuils non faits, secrets de famille (incestes, viols, suicides, abandons...).

Mais aussi les traumatismes physiques et les malformations congénitales : fractures, immobilisation, pied bot….

Ces différentes causes peuvent perturber la vie d’un réflexe archaïque de deux façons :

·         après une émergence normale, le réflexe s’éteint : il est hypo-actif, ne joue pas son rôle. Il ne sera donc pas intégré. Dans ce cas, les tests spécifiques du réflexe seront probablement négatifs : on ne trouve pas le réflexe puisqu’il est éteint… alors que les signes cliniques d’une mauvaise intégration seront présents. Prenons pour exemple, le réflexe de traction des mains : Si le réflexe est hypo-actif, le patient ne « tient pas sa tête » qui est hypotonique : la traction des mains ne reproduit pas le réflexe.

·         après une émergence normale, le réflexe assure ses fonctions mais ne disparait pas : il devient un parasite de notre motricité. Il est « hyperactif ». Les tests le mettront en évidence et correspondront aux signes cliniques.

Il est alors logique de proposer l’attitude thérapeutique suivante : on ne soigne pas un réflexe mais un patient. Si les signes cliniques orientent vers un réflexe archaïque non intégré, il faut le traiter même si les tests sont douteux ou négatifs.

L’exemple type de ces réflexes hypo ou hyperactifs sera la description du réflexe de Babinski avec parfois des signes cliniques différents :

·         Babinski hypo-actif : pieds valgus, hypotonie neuromusculaire

·         Babinski hyperactif : pieds varus, hypertonie neuromusculaire.

Autre exemple ; le réflexe de paralysie par la peur : l’enfant (ou l’adulte) qui fuit, l’enfant (ou l’adulte) envahissant…Et dans les deux cas, le réflexe est mal intégré….

 

Un réflexe intégré peut être réactivé

A la suite d’un choc émotionnel, d’un traumatisme, d’une maladie, d’un accident, d’un stress chronique ou de toxines environnementales, un RA peut réapparaitre soit transitoirement soit de façon chronique. Il viendra parasiter l’une ou plusieurs de nos sphères, émotionnelle, cognitive et motrice.

Il peut être réactivé de façon salutaire : lors d’une chute dans les escaliers, par exemple, le réflexe tonique asymétrique du cou et le grasping se réactivent temporairement et peuvent empêcher la chute.

Il peut se réactiver de façon permanente et perturber en particulier notre sphère émotionnelle : réactivation du Moro ou du RPP après un traumatisme : angoisses, cauchemars, phobies.

Ils peuvent être réactivés lors de situation de survie : nous comprenons mieux la position fœtale (RTL en flexion) et le grasping des patients en fin de vie (Alzheimer par exemple).

 

Son intégration peut être partielle ou asymétrique

Ce n’est pas la loi du tout ou rien, c’est-à-dire 100% ou 0% d’intégration. Il appartient au thérapeute d’évaluer le pourcentage d’intégration en fonction des signes cliniques et des tests afin de pouvoir suivre l’évolution au fur et à mesure du traitement.

Certains réflexes sont par nature bilatéraux, par exemple les réflexes des mains ou des pieds mais aussi le réflexe tonique asymétrique du cou, le réflexe de Galant… L’intégration peut être réalisée de façon asymétrique, plus d’un côté que de l’autre. Lorsque que l’on traitera ces réflexes, il est d’usage de commencer par le côté le mieux intégré.

Lorsque qu’un RA est intégré de façon asymétrique, il peut entrainer une asymétrie tonique posturale qui ne pourra pas être traitée par les traitements posturaux classiques. Il s’agit en particulier du réflexe tonique asymétrique du cou, du réflexe de Galant et du réflexe de Babinski. Ils peuvent être responsables de l’apparition d’une vraie jambe courte et sont à minima des facteurs d’aggravation d’une scoliose. Une mauvaise intégration des réflexes qui codent l’oculomotricité peut entraîner un défaut de convergence qui ne pourra pas être traité par les traitements habituels qu’ils s’agissent d’orthoptie ou de prismes posturaux.